Depuis plusieurs années j’arpente le territoire rural – même lorsqu’il envahit l’urbain – et trouve primordial de me demander pourquoi, lorsque l’on parle de sa représentation, il est quasiment impossible d’éviter la figure du paysan. Ce questionnement est le point de départ de mes projets. J’axe ma pratique artistique principalement autour de la photographie argentique et de l’édition. J’y questionne ce qui fait portrait. Il est possible d’en apprendre beaucoup sur une personne en observant son environnement, les objets qui accompagnent son quotidien, les endroits qu’elle fréquente, etc. ; ce que j’appelle le « portrait en creux » ou le « portrait-reportage » et qui invite à une autre lecture du portrait photographique.

Je m’interroge sur un autre point de ma pratique, plus théorique. Il est établi que l’image photographique est majoritairement considérée comme le reflet de la réalité, sans nécessairement être remise en question, du fait de son côté mécanique et de son aspect objectif. Même la photographie documentaire n’échappe pas à cette appréciation alors qu'elle est biaisée, puisque la photographie est prise intentionnellement, par une personne derrière l’appareil, avec son histoire personnelle, ses opinions et sensibilités.

En m’appuyant sur des textes de sociologues et de spécialistes des questions écologiques, territoriales et agricoles, je tente de mettre en lumière certains ressorts qui entrent en jeu dans le regain d’intérêt actuel que suscite la vie rurale, et les relations entre les violences de la société de consommation et les quêtes d’un monde meilleur des néo-ruraux.

Par mon travail, sur tous les médias que j'explore, j'invite les spectateurs à s’interroger sur le territoire, le paysage, la paysannerie, et la question de la transmission. De quelle histoire hérite-t-elle ? De quelles histoires est-elle constituée ?

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